La chienne de vie de Juanita Narboni d'Angel Vazquez
Publié le 6 Septembre 2014
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Le Livre en quelques mots :
Le monologue de Juanita est la voix d'une ville, Tanger. Tout au long du roman, Juanita nous raconte sa vie, avec ses joies, ses peines, ses amours et ses haines ; mais cette vie, de la jeunesse à la décadence, se confond avec le destin de cette ville cosmopolite. Un monde où l'on mélange les traditions, jure dans toutes les langues, prie selon toutes les religions. Juanita est drôle, pleine d'ironie, parfois méchante et toujours un peu nostalgique ; une pauvre fille qui court dans ses mauvaises chaussures après sa vie qui lui échappe. Elle mêle rencontres, événements passés et présents, anecdotes et rêves dans une faconde hallucinante et hallucinée. Ce Tanger qu'elle traverse sans cesse, elle le sait condamné à disparaître, alors elle le pleure et le moque, elle le maudit et le regrette, mais surtout elle en incarne la langue, hybride et bariolée, ahurissante explosion verbale.
Mon avis : *****
Ce monologue intérieur m’a dérouté au début du roman puis l’auteur réussi par une prouesse littéraire à nous faire « entrer » dans la tête de cette Tangéroise.
Tanger nous apparaît alors comme s’il on y était : son histoire, son atmosphère, ses habitants, …On vit donc « à travers » cette femme au gré de ses joies, chagrins, remords ou rancunes, …
Spécialiste du coq-à-l'âne, elle mêle donc tout dans un même souffle : des considérations sur ses bas qui filent, sur un bateau qui ne vient pas, sur la mort de ses parents, sur la guerre d'Ethiopie, sur sa solitude ou le souvenir de sa mère adorée, la faillite d'un commerce, la vulgarité de sa sœur, son propre désir de posséder un homme.
Le récit est truffé du fameux parler Tangérois, où s'entendent la musique et les mots de plusieurs cultures et d'époques variées et qui est, à lui seul, une formidable proposition de voyage.